Adèle Verneuil (1855)

 

Le Diable Médecin est le sur-titre de quatre romans ayant pour point commun de mettre en avant un type de femme. Adèle Verneuil ou la femme séparée de corps et de bien, Clémence Hervé ou la femme de lettre, La Lorette et La Grande dame.

 

Adèle Verneuil a épousé sans amour Monsieur Verneuil, se soumettant ainsi à la volonté familiale alors qu’elle était éprise de son cousin Ernest de Beaumont.

 Depuis trois ans, les époux font chambres séparées et son mari se montre d’une excessive austérité de mœurs. Après quinze ans de vie commune et deux enfants, Emma et Louis, un événement bouleverse cette harmonie familiale apparente. Emma découvre son père dans la chambre de la servante, Charlotte, alors qu’il tient des propos injurieux sur sa femme. Voulant à tout pris dissimuler cette découverte à sa mère, elle est prise d’une forte fièvre.

Le docteur Max, autrement surnommé le Diable médecin, est appelé auprès de l’enfant qu’il amène à la révélation du secret. Adèle demande conseil au médecin qu’elle connaît depuis son enfance. Ils décident tout d’abord de renvoyer la servante de la maison. L’insolence excessive de Charlotte sert de motif à son renvoi. Ensuite, pour préserver Emma, ils décident de faire croire à l’enfant que ce qu’elle a cru voir était le fruit de son délire, lié à sa fièvre. De cette façon, l’image paternelle ne sera pas altérée et Emma conservera le respect qu’elle doit à son père.

A son retour au logis, monsieur Verneuil demande aussitôt à parler à sa femme. Il s’oppose au renvoi de Charlotte, invoquant tous les prétextes possibles et cherche à savoir si Adèle sait quelque chose au sujet de sa liaison avec la servante. Devant le refus inébranlable de son mari, elle finit par lui avouer la découverte de leur fille. Ce dernier nie effrontément et trouve l’occasion favorable pour obliger sa femme à demander une séparation de corps. Il l’accuse de vouloir bafouer sa respectabilité. Il se montre violent avec Adèle dont la tête heurte un meuble et se met à saigner. Ernest de Beaumont qui n’a pas revu sa cousine depuis quinze ans arrive à ce moment et lui porte secours, la défendant de la brutalité de son mari.

Adèle, conseillée par le docteur Max, fait la demande la séparation de corps et choisit un avocat pour régler les détails de la procédure. Monsieur Verneuil choisit pour sa défense avocat dont le nom, maître Fripart, annonce l’immoralité.

En effet, il retourne la situation d’adultère et accuse Adèle d’avoir bafoué son mari. L’aide inattendue de son cousin à jouer en sa défaveur. L’avocat lui rappelle que même séparée de biens et de corps, elle se doit de rester fidèle à son mari :

 

« Femme Verneuil, sachez pour votre gouverne, que la femme légalement séparée de corps et de biens reste toujours sous le coup des peines dont sont menacées les adultères ! »

 

Ernest de Beaumont qui a assisté à cette ignoble plaidoirie ne maîtrise pas sa colère et s’en prend à l’avocat. Il est condamné à six mois de prison. Lorsqu’il revient vers Adèle, cette dernière sent tout son amour renaître pour cet homme si généreux, qui n’a pas cessé de l’aimer depuis quinze. Mais retirée dans une maison avec sa fille, elle a décidé de se consacrer à l’éducation d’Emma et de lui montrer le modèle de la vertu. Elle est mère avant d’être femme. Son fils a été placé au collège, mais il vit chez son père qui affiche sa liaison insolemment avec Charlotte. Cette dernière parvient à éloigner Louis de sa mère en flattant la gourmandise du jeune homme. Cette constatation ébranle un peu plus Adèle dont la santé se fragilise jour après jours. Le renoncement à l’amour est un sacrifice héroïque mais douloureux. Une maladie de langueur la ronge lentement. L’annonce du naufrage du navire d’Ernest, qui suppose sa mort, plonge Adèle dans l’agonie. Cette annonce a été préméditée par Monsieur Verneuil qui connaît l’état alarmant de sa femme et qui espère être veuf pour pouvoir épouser Charlotte.

Mais lui-même, est fortement ébranlé et se met en colère lorsqu’il découvre que sa maîtresse a un amant. Sujet à un afflux de sang dans le cœur, il est saisi d’un malaise. Charlotte enrage de voir monsieur Verneuil agoniser, d’autant plus qu’il n’a pas rédigé de testament en sa faveur. Elle envoie chercher un médecin. Mais il s’avère que c’est le docteur Max qui est amené auprès du malade. Il s’isole avec monsieur Verneuil et lui annonce qu’il sait quel traitement pourrait le sauver, mais qu’il ne lui administrera pas. Il le regarde mourir impassible, considérant qu’il fait acte de justice en libérant Adèle, un ange de douceur, d’un être aussi odieux qui entravait son bonheur.

Il revient à temps auprès d’Adèle et lui annonce qu’Ernest n’est pas mort. Il est le seul rescapé du naufrage, comme il lui a annoncé par courrier pour devancer son arrivée, enclin à un mauvais pressentiment au sujet de la santé d’Adèle.

Un an après la mort de monsieur Verneuil, Adèle épouse enfin Ernest de Beaumont.